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Page:Histoire des quatre fils Aymon, publication 1840.djvu/212

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garder de mort et de prison : car vous savez que Regnaut a raison et que nous avons tort ; ainsi je ne voudrais pas pour la moitié de mon royaume qu’il vous arrivât aucun mal. Sire, dit Roland, il est trop tard de vous repentir ; puisque vous saviez avoir tort, vous ne deviez pas accepter la bataille ; mais puisque la chose est si avancée, je ne puis la laisser sans me déshonorer. Or que Dieu m’ait en sa bonne et sainte garde, par sa divine miséricorde. Roland trouva Regnaut qui l’attendait, auquel il cria : Regnaut, vous avez affaire cejourd’hui à moi. Regnaut lui dit : Roland, il n’appartient pas à un chevalier tel que vous de me menacer ; voulez-vous la paix ou la bataille ? choisissez. Regnaut, dit-il, je ne suis pas venu ici pour la paix, méfiez-vous de moi, vous ferez mieux. Prenez aussi garde à moi, dit Regnaut, car aujourd’hui j’abaisserai votre orgueil. Alors ils piquèrent leurs chevaux et se donnèrent de si grands coups, qu’ils brisèrent leurs lances, et s’entre-heurtèrent si rudement sur leurs écus, qu’il fallut que Regnaut tombât à terre la selle entre deux cuisses ; alors il abandonna les étriers, se releva promptement, monta sur Bayard, sans selle, courut contre Roland, et lui donna un si grand coup d’épée, qu’il se sentit fort blessé. Il mit aussitôt l’épée à la main et courut contre Regnaut. Le combat devint si terrible entr’eux qu’ils se déchirèrent leurs hauberts en plus de mille pièces, si bien que les barons qui regardaient, eurent pitié d’eux. Quand le duc Naimes eut long-temps regardé le combat, il s’écria : Ah ! Charlemagne, maudite soit votre cruauté : car par votre haine vous causez la