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Page:Histoire des quatre fils Aymon, publication 1840.djvu/213

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mort des deux meilleurs chevaliers du monde, et vous pourrez en avoir besoin un jour. Regnaut voyant qu’aucun ne pouvait gagner, dit à Roland : Si vous voulez m’en croire, nous combattrons à pied afin de ne pas tuer nos chevaux, car nous ne pourrions en retrouver d’aussi bons. Vous avez raison, dit Roland. Quand ils furent descendus, ils coururent l’un contre l’autre comme deux lions ; Roland voyant qu’il ne pouvait vaincre Regnaut, courut contre lui et l’empoigna ; Regnaut lui demanda la lutte, ils se retournèrent long-temps et ne purent se faire tomber ni l’un ni l’autre. Voyant qu’ils ne pouvaient se renverser, ils se laissèrent aller et se reculèrent pour respirer, car ils étaient bien fatigués ; leurs écus, hauberts et casques étaient tous brisés ; et la terre où ils étaient battus était foulée comme si on y eût battu du blé ; Charlemagne voyant que l’un ne pouvait pas gagner l’autre, et qu’ils étaient très-mal en ordre, eut peur pour Roland ; il se mit alors à genoux, éleva les mains au ciel, et dit en pleurant : Grand Dieu qui créâtes le monde, le ciel et la terre, qui délivrâtes la grande sainte Marguerite des dents de l’horrible dragon, et Jonas du ventre de la baleine, je vous prie de vouloir bien délivrer mon neveu Roland et faire cesser la bataille ; daignez m’inspirer de quel le manière il faut agir pour l’un et pour l’autre. Les frères de Regnaut le voyant ainsi fatigué, eurent grande peur pour sa personne ; ils se mirent à prier le Seigneur de vouloir préserver leur frère de la mort et de prison. Notre-Seigneur à la prière du roi fit voir un beau miracle, car il fit paraître une si grande nuée que l’un ne pouvait voir