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Page:Histoire des quatre fils Aymon, publication 1840.djvu/228

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pour enterrer les morts. Richard, voyant son frère Regnaut en grand chagrin, lui dit : frère, cela va bien mal, il eût bien mieux valu tuer le roi et nous ne serions pas en si grande pauvreté ; il se mit ensuite à pleurer en disant : Hélas ! je voudrais me plaindre moi-même plutôt que de plaindre les autres, puis qu’il faut absolument périr comme le dernier. Mon très-cher cousin Maugis, qu’êtes-vous devenu ? Vous nous manquez au besoin, et si vous étiez ici, nous ne craindrions ni le roi, ni la mort. Je sais bien que vous trouveriez encore assez de viande pour nous nourrir. Hélas ! il faut que nous mourions de faim, car le roi nous déteste plus que les païens et les Sarrasins ; il ne faut pas attendre qu’il ait pitié de nous, car c’est le plus cruel des rois. Charlemagne fut informé par un de ses gens que la famine était très-grande dans Montauban et il en fut bien satisfait ; alors il fit assembler tous les barons et leur dit : Seigneurs, les gens de Montauban se rendront malgré leurs dents, car la plupart sont déjà morts de faim. Je veux que Regnaut soit pendu et ses frères aussi ; mais avant je veux que son frère Richard soit traîné par un roussin, et je défends à qui que ce soit d’aller contre ma volonté et de me rien représenter. Quand le duc Naimes, Roland, Olivier, l’archevêque Turpin et Eston, entendirent le roi parler ainsi, ils furent très-mécontens par amitié pour Regnaut et ses frères ; ils baissèrent la tête sans dire un seul mot, crainte d’encourir sa disgrâce. Pendant que Charlemagne faisait le siège de Montauban, en persécutant les quatre fils Aymon, leur père était du parti du roi, faisant la guerre à