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Page:Histoire des quatre fils Aymon, publication 1840.djvu/236

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jetait des pierres. Le lendemain Regnaut trouva des vivres à foison, que son père avait fait jeter, dont il fut bien content et dit : Grand Dieu ! je vous rends grâce ; je vois bien que celui qui met en vous son espérance, il ne peut lui arriver aucun mal. Il appela ses frères et sa femme et leur dit : Mes frères, voyez comment notre père a eu pitié de nous. Charlemagne apprit que le vieillard Aymon avait donné des vivres à ses enfans, il lui dit aussitôt : Aymon pourquoi avez-vous été assez hardi pour procurer à mangera mes ennemis ? eux que je déteste, et je sais bien comme la chose va. Vous ne pourrez vous en excuser honnêtement, mais je vous jure que je m’en vengerai avant que la nuit soit venue, car vous en perdrez la tête. Sire, dit Aymon, je ne le veux pas nier ; mais je vous dis que si vous deviez me faire mourir et jeter dans le feu, je soulagerai mes enfans tant que j’aurai de quoi. Sire, mes enfans ne sont ni larrons, ni traîtres, ni meurtriers, mais bien les meilleurs et les plus vaillans chevaliers du monde ; et vous voulez les détruire de cette façon ; il y a trop long-temps que cette guerre dure, et ce que vous avez fait devrait suffire. Quand le roi entendit ansi parler le duc Aymon, il en fut fâché et peu s’en fallut qu’il ne le frappât. Le duc Naimes lui dit : Sire, renvoyez Aymon, car vous l’avez tenu trop long-temps : vous savez bien qu’il ne souffrira pas que ses enfans soient détruits, vous ne devez pas même l’en blâmer. Charlemagne lui dit : Puisque vous avez jugé, vous n’en serez point dédit ; alors il se tourna vers le duc Aymon et lui dit de quitter