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Page:Histoire des quatre fils Aymon, publication 1840.djvu/235

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ainsi. Aymon eut pitié du chagrin de Regnaut ; il le regarda en pleurant et lui dit : Mon fils, tous avez bien raison, car le roi vous veut grand mal, et pour ce, descendez et entrez dans ma tente et prenez tout, ce qu’il vous plaira, car rien ne vous sera caché ; je ne vous donnerai pourtant rien contre mon serment. Regnaut descendit et s’agenouilla humblement devant son père en le remerciant. Il entra ensuite dans la tente et chargea Bayard de pain et de viande fraîche. Bayard emportait plus que n’eussent fait deux autres chevaux. Quand la nuit fut venue, Aymon qui ne pouvait oublier ses enfans, dit à son maitre-d’hôtel : Vous savez que j’ai délaissé mes enfans, et quoique je les aie abandonnés, je ne voudrais pas leur manquer. Nous avons trois engins que Charlemagne m’a fait faire pour abattre leurs murailles que nous avons déjà beaucoup endommagées. Or il faut maintenant que nous les aidions et je vous dirai comment. Il faudra que vous mettiez dans les engins du pain, de la viande salée et de la fraîche en place des pierres, que l’on jettera dans le château ; quand je devrais mourir de faim, je ne leur manquerai pas tant que j’aurai de quoi ; je me repens du mal que je leur ai fait, car tout le monde devrait m’en blâmer. Rire, lui dit le maitre-d’hôtel, vous en avez raison, vous en avez tant fait que chacun vous en blâme beaucoup. Alors il fit remplir les engins de vivres et commanda au maitre-d’hôtel de les jeter dans Montauban.

Plusieurs blâmaient le vieillard Aymon de ce qu’il tenait contre ses enfans, car il croyait qu’il