consoler la duchesse ; pour vous, mes frères, je vous recommande mes enfans. Après que Regnaut leur eut dit adieu, Allard lui dit : Mon frère, je vous prie de vous en retourner, car je suis si fâché de votre départ que peu s’en faut que je ne meure ; je vous dis pour vrai que je ne sortirai pas de ce vallon que vous ne soyez de retour. Quand il eut dit cela, il embrassa son frère et prit congé de lui en pleurant, ainsi que le duc Richard de Normandie, auquel Regnaut dit : Mon cousin, je vous recommande mes frères, ma femme et mes enfans, car ils sont tous de votre sang. Regnaut, dit le duc Richard, je vous jure que je les aiderai de tout mon pouvoir ; c’est pourquoi ne vous inquiétez pas d’eux, car rien ne leur manquera.
Quand Regnaut fut parti, Richard et ses frères se
préparèrent pour aller trouver Charlemagne, aussitôt
qu’ils furent prêts, ils sortirent de Dordonne
et allèrent à la tente du roi qui fut joyeux quand il
les vit ; alors il ordonna à ses barons d’aller au-devant
d’eux. Roland dit : Voici les trois frères fort
dolens que le duc Richard amène. Quand ils furent
devant le roi, ils s’agenouillèrent. Allard lui dit :