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Page:Histoire des quatre fils Aymon, publication 1840.djvu/267

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Notre frère Regnaut vous salue et se recommande à vos bontés ; il vous envoie le duc Richard de Normandie et l’a prié de nous recommander à vous, car il est allé outre mer pour faire votre commandement. Amis, dit le roi, soyez les bien venus ; puisque nous sommes bons amis, si je puis voir revenir Regnaut, je l’aimerai autant que mon neveu Roland, parce qu’il est de grande valeur.

Quand le roi eut parlé aux frères de Regnaut, il baisa Richard et lui dit : Quelle prison et quelle viande Regnaut vous-a-t-il données ? Sire, répondit-il, je n’ai de ma vie été si bien traité. Le roi commanda alors que chacun décampât pour s’en aller auprès de Liège ; quand il fut sur le pont de Meuse ; il fit amener Bayard, le bon cheval de Regnaut ; aussitôt qu’il le vit, il lui dit : Ah ! Bayard, tu m’as irrité bien des fois, mais je suis venu à bout de me venger ; alors il lui fit lier une pierre au cou, et le fit jeter par-dessus le pont de la rivière de la Meuse, et il alla au fond. Quand le roi vit cela, il eut grande joie et dit : J’ai tout ce que j’ai demandé, le voilà enfin détruit. Bayard frappa tant des quatre pieds, qu’il vint à bout de casser la pierre, revint au dessus de la rivière et la passa à la nage de l’autre côté ; lorsqu’il fut sur le bord, il se mit à hennir hautement ; ensuite il prit sa course avec tant de rapidité, qu’il semblait que la foudre le poussât. Pour lors il entra dans la forêt des Ardennes. Charlemagne voyant que Bayard était échappé, en fut très-irrité ; mais tous les barons en furent bien satisfaits (beaucoup de gens disent que Bayard est encore vivant dans le bois