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Page:Histoire des quatre fils Aymon, publication 1840.djvu/287

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chesse, sur lequel il pleura et dit : Ah ! quel pélerin je suis, je crois qu’il n’en est pas de plus malheureux au monde ; je vois maintenant que j’ai perdu tout mon bien en perdant la plus aimable femme du monde. Comme disait ces paroles, ses enfans arrivèrent et s’agenouillèrent devant lui. Regnaut les embrassa alors par amitié, et leur dit en pleurant : Mes enfans, pensez à bien faire, car je sens que je vous quitterai sous peu de temps. Quand il eut dit cela, il commençai faire plus grand deuil qu’auparavant. Maugis était aussi triste que lui. Le deuil commença alors par toute la ville et dura l’espace de dix jours, et le onzième Regnaut partit pour retourner à Montauban. Alors Maugis retourna avec lui, et ils firent le voyage à pied. Quand les habitans de Montauban apprirent l’arrivée de leur seigneur, ils furent contens ; ils firent tapisser les rues par où il devait passer, et vinrent respectueusement au-devant de lui. Regnaut les reçut honorablement, car il cachait en ce moment tout son chagrin pour faire honneur à ses gens qui lui faisaient un si grand accueil. Quand Regnaut fut dans son château de Montauban, il se mit à la fenêtre pour regarder en bas ; quand il vit tant de gens, il fut surpris d’où ils étaient venus, car il ne pensait jamais se trouver si bien. Quand Regnaut et ses frères eurent séjourné quelques jours à Montauban, il arriva un jour que Maugis trouva Regnaut tout seul ; alors il lui dit : Cousin, il est temps que je prenne congé de vous ; vous savez qu’il est mort tant de gens par rapport à nous, dont nous sommes tenus d’en demander