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Page:Histoire des quatre fils Aymon, publication 1840.djvu/96

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compensera de vos bienfaits. Le lendemain matin le roi fit venir Regnaut, ils prirent vingt chevaliers, se mirent sur la rivière de la Gironde qu’ils traversèrent et montèrent sur le rocher, et trouvèrent l’endroit fort propice. Regnaut en fut bien content, et dit en soi-même que s’il pouvait faire bâtir une forteresse, il n’appréhenderait point Charlemagne, pourvu qu’il ne manquât pas de vivres ; il y avait une belle fontaine au sommet du rocher. Quand ils eurent bien examiné l’endroit, un des chevaliers tira le roi à l’écart et lui dit : Sire, que voulez-vous faire ? voulez-vous avoir un seigneur sur vos terres ? S’il bâtit une forteresse, je vous assure qu’il ne craindra ni vous, ni les barons de Gascogne ; considérez que Regnaut et ses frères sont chevaliers étrangers, et qu’ils pourraient vous causer beaucoup de dommages ; si vous voulez me croire, donnez-leur autre chose car il pourrait nous en arriver du mal. Quand le roi Yon entendit ce que lui avait dit le chevalier, il fut surpris, car il sentait bien que ce qu’il disait était vrai ; peu s’en fallut que le chevalier ne demeurât imparfait. Il réfléchit un peu, puis il lui dit qu’il avait donné sa parole à Regnaut, il lui dit : ami, vous pouvez faire bâtir une forteresse ; mais j’espère que si je vous l’accorde, ce ne sera pas pour me faire la guerre. Sire, dit Regnaut, je vous donne ma parole de chevalier, que j’aimerais mieux mourir que de commettre une trahison aussi noire ; d’ailleurs, je suis ennemi de Charlemagne, qui est mon souverain seigneur ; non pas que j’aie commis aucune trahison contre lui. Sachez que c’était à mon corps défendant que j’ai tué son neveu Berthelot : il