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Page:Hubert, Mauss - Mélanges d’histoire des religions, 1909.djvu/199

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Raminjerar, se produisait de la même façon ; mais la liaison si étroite de la magie aux totems qui y existait indubitablement, doit s’expliquer, comme chez les Ta-ta-thi, par l’association du pouvoir magique de chaque individu à des ancêtres totémiques déterminés. Il ne serait peut-être pas déraisonnable d’interpréter dans le même sens un passage obscur concernant les Minyug de la Wimmera (Victoria)[1], mais nous n’affirmons rien dans ce cas. Nous retrouverons, d’ailleurs, dans les renseignements plus complets sur des initiations révélatrices complexes, des faits du même genre[2].

Nous pouvons rapprocher, mais seulement par approximation, de ces révélations provoquées, les deux cas (Queensland) où nous savons que le pouvoir magique vient bien des esprits, mais de morts dont le cadavre a été, au moins en partie, consommé[3]. Le seul fait de révélation provoquée par des rites d’anthropophagie est celui de la tribu d’Adélaïde, maintenant disparue. Là, entre autres rites d’initiation magique, le magicien avait l’obligation de manger une fois de la chair d’enfant en bas-âge et une autre fois de la chair de vieillard[4]. Mais on ne nous a

  1. Rev. H. Livingstone, A short Grammar and Vocabulary of the Dialect spoken by the Minyug peoples, Append. à Fraser, Threlkeld, Grammar, etc., p. 24, où il est dit que, à l’aide d’une corde qu’il tire de son estomac, le magicien monte au ciel consulter les wagai (esprits, doubles), même ceux des vivants.
  2. Voir plus bas, p. 31 et suiv. Il serait loisible de compter, parmi les tribus qui croient à une révélation par les morts, les tribus (Kolor, etc.) qu’a observées Dawson, Aborigines of South Australia, v. p. 50, où il est dit que le sorcier lui-même est très peu différent des diables, ogres, âmes de morts ; cf. p. 55 et 56, des cas d’ascension par les magiciens dans la lune ; p. 55, un sorcier qui ramène un esprit du ciel, etc.
  3. Nous faisons rentrer dans cette catégorie les faits qu’ont constatés, au Queensland occidental, autrefois J. D. Lang, Queensland, etc., 1841, p. 358, 362 ; et plus récemment Lumholtz, Au pays des Cannibales, p. 259, parce que, bien qu’il s’agisse d’obtenir des pouvoirs magiques assez déterminés, il ne s’agit nullement d’en acquérir de définitifs, comme ceux qui caractérisent le magicien. Pour un fait du même genre, chez les Wiraijuri, Howitt, A. M. M., p. 30.
  4. John Eyre, Journals of Two Expeditions into Central Australia, etc., 1854, II, p. 365 : cf. p. 255.