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Page:Hubert, Mauss - Mélanges d’histoire des religions, 1909.djvu/208

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possesseur de la substance magique ; 6o sensation que la personnalité est changée. Et cependant, malgré toute cette abondance d’épisodes, à l’histoire du Wiraijuri, il manque un trait important, soit que ce mythe de l’initiation ait été vraiment absent de l’image que les Wiraijuri se forment de celle-ci, soit que le magicien ait oublié de l’exposer à M. Howitt. C’est l’idée que l’individu meurt et renaît au cours de ces multiples traverses[1].

Nous avons d’abondants renseignements sur les révélations par les esprits chez les Kurnai. Ils nous viennent toujours de M. Howitt[2]. Dans cette société, il y avait deux sortes de magiciens, les uns birraark, divinateurs, bardes et voyeurs[3], les autres enchanteurs, envoûteurs et médecins[4]. Les uns et les autres reçoivent leurs révélations, en principe, des esprits des morts (mrarts), qui leur communiquent les rites (formules orales et manuel opératoire), et dans le cas des mulla-mullung, les substances et instruments magiques[5]. Il y a deux façons dont la révélation se produit, équivalentes mais inverses[6]. Dans l’une, ce sont

  1. Sans avoir de preuves, nous pensons qu’il s’agit d’un oubli du magicien, le pouvoir de renaître étant figuré par les magiciens Wiraijuri dans les cérémonies d’initiation (Austr. Cer. of. Init., J. A. I., XIII, p. 445).
  2. Les informations de M. Howitt ont été en se précisant de façon continue, depuis les données transmises à Brough Smyth, Aborigines of Victoria, I, p. 478 et suiv. jusqu’à celles contenues in A. M. M., p. 65 et suiv. ; Notes on Australian Songs and Song-Makers, J. A. I., XVII, p. 335 et suiv. ; en passant par : Fison et Howitt, Kamilaroi and Kurnai, p. 194 et suiv., 254 et suiv. Nous ne comptons pas les informations éparses publiées dans les différents travaux de M. Howitt. Nous regrettons d’ailleurs de n’avoir pu attendre la publication définitive qu’il annonce sous le titre : The Native Tribes of South East Australia, chez Macmillan, pour 1905.
  3. M. Howitt, The Jeraeil, the Ceremony of Initiation of the Kurnai Tribe, J. A. I., XIII, p. 310, en fait des espèces de magiciens de magie blanche, mais assez inexactement, car l’autre classe de magiciens, les mulla-mullung avaient, entre autres pouvoirs, des pouvoirs curatifs.
  4. Kam. and Kur., p. 253 et suiv., A. M. M., p. 44 et 45.
  5. Brough Smyth, I, p. 477.
  6. A. M. M., p. 48.