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Page:Hugo - Actes et paroles - volume 2.djvu/106

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AVANT L’EXIL. — ASSEMBLÉE LÉGISLATIVE.

dis que nous en avons assez, nous qui ne sommes pas le gouvernement, qui ne sommes que la nation, des imprudences, des provocations, des réactions, des maladresses qu’on fait par excès d’habileté et des folies qu’on fait par excès de sagesse ! Nous en avons assez des gens qui nous perdent sous prétexte qu’ils sont des sauveurs ! Je dis que nous ne voulons plus de révolutions nouvelles. Je dis que, de même que tout le monde a tout à gagner au progrès, personne n’a plus rien à gagner aux révolutions. (Vive et profonde adhésion.)

Ah ! il faut que ceci soit clair pour tous les esprits ! il est temps d’en finir avec ces éternelles déclamations qui servent de prétexte à toutes les entreprises contre nos droits, contre le suffrage universel, contre la liberté de la presse, et même, témoin certaines applications du règlement, contre la liberté de la tribune. Quant à moi, je ne me lasserai jamais de le répéter, et j’en saisirai toutes les occasions, dans l’état où est aujourd’hui la question politique, s’il y a des révolutionnaires dans l’assemblée, ce n’est pas de ce côté. (L’orateur montre la gauche.)

Il est des vérités sur lesquelles il faut toujours insister et qu’on ne saurait remettre trop souvent sous les yeux du pays ; à l’heure où nous sommes, les anarchistes, ce sont les absolutistes ; les révolutionnaires, ce sont les réactionnaires ! (Oui ! oui ! à gauche. — Une inexprimable agitation règne dans l’assemblée.)

Quant à nos adversaires jésuites, quant à ces zélateurs de l’inquisition, quant à ces terroristes de l’église (applaudissements), qui ont pour tout argument d’objecter 93 aux hommes de 1850, voici ce que j’ai à leur dire :

Cessez de nous jeter à la tête la terreur et ces temps où l’on disait : Divin cœur de Marat ! divin cœur de Jésus ! Nous ne confondons pas plus Jésus avec Marat que nous ne le confondons avec vous ! Nous ne confondons pas plus la Liberté avec la Terreur que nous ne confondons le christianisme avec la société de Loyola ; que nous ne confondons la croix du Dieu-agneau et du Dieu-colombe avec la sinistre bannière de saint Dominique ; que nous ne confondons le divin supplicié du Golgotha avec les bourreaux des Cévennes et de la Saint-Barthélemy, avec les dresseurs