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Page:Hugo - Actes et paroles - volume 2.djvu/107

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LA LIBERTÉ DE LA PRESSE.

de gibets de la Hongrie, de la Sicile et de la Lombardie (agitation) ; que nous ne confondons la religion, notre religion de paix et d’amour, avec cette abominable secte, partout déguisée et partout dévoilée, qui, après avoir prêché le meurtre des rois, prêche l’oppression des nations (Bravo ! bravo !) ; qui assortit ses infamies aux époques qu’elle traverse, faisant aujourd’hui par la calomnie ce qu’elle ne peut plus faire par le bûcher, assassinant les renommées parce qu’elle ne peut brûler les hommes, diffamant le siècle parce qu’elle ne peut plus décimer le peuple, odieuse école de despotisme, de sacrilège et d’hypocrisie, qui dit béatement des choses horribles, qui mêle des maximes de mort à l’évangile et qui empoisonne le bénitier ! (Mouvement prolongé. — Une voix à droite : Envoyez l’orateur à Bicêtre !)

Messieurs, réfléchissez dans votre patriotisme, réfléchissez dans votre raison. Je m’adresse en ce moment à cette majorité vraie, qui s’est plus d’une fois fait jour sous la fausse majorité, à cette majorité qui n’a pas voulu de la citadelle ni de la rétroactivité dans la loi de déportation, à cette majorité qui vient de mettre à néant la loi des maires. C’est à cette majorité qui peut sauver le pays que je parle. Je ne cherche pas à convaincre ici ces théoriciens du pouvoir qui l’exagèrent, et qui, en l’exagérant, le compromettent, qui font de la provocation en artistes, pour avoir le plaisir de faire ensuite de la compression (rires et bravos), et qui, parce qu’ils ont arraché quelques peupliers du pavé de Paris, s’imaginent être de force à déraciner la presse du cœur du peuple ! (Bravo ! bravo !)

Je ne cherche pas à convaincre ces hommes d’état du passé, infiltrés depuis trente ans de tous les vieux virus de la politique, ni ces personnages fervents qui excommunient la presse en masse, qui ne daignent même pas distinguer la bonne de la mauvaise, et qui affirment que le meilleur des journaux ne vaut pas le pire des prédicateurs. (Rires.)

Non, je me détourne de ces esprits extrêmes et fermés. C’est vous que j’adjure, vous législateurs nés du suffrage universel, et qui, malgré la funeste loi récemment votée, sentez la majesté de votre origine, et je vous conjure de