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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/108

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Essais.

Mais, quoique l’unité d’action soit une loi commune à la poésie tant épique que dramatique ; il se présente pourtant ici une différence qui mérite quelque attention. Dans l’un & dans l’autre de ces genres, l’action doit être une & simple, afin que la sympathie se conserve en entier, & que l’intérêt ne soit point partagé. Cependant le genre épique, & les récits en vers, fournissent un fondement de plus à cette regle, pris de ce qu’avant d’entrer en matière, l’auteur est obligé de se former un plan, de ramener son sujet à un point de vue général, de le réunir dans un chef unique, dont il ne doit jamais s’écarter. Cette raison n’a point lieu dans les fictions théâtrales, où l’auteur est entièrement absorbé par son sujet, & où le spectateur se suppose présent aux actions qu’on lui expose sur la scene ; ce qui fait qu’on peut y introduire des dialogues particuliers, pourvu que sans choquer la vraisemblance ils entrent dans l’espace limité auquel le théâtre est assujetti. De là vient que l’unité de l’action n’est jamais observée à la rigueur dans nos comédies Angloises, pas