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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/150

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Essais.

tôt ou tard, de tous les raisonnemens abstraits. Quoique, par exemple, nous ayions conclu, dans l’essai précédent, qu’en raisonnant d’après l’expérience, l’ame fait un acte qui ne procede d’aucun argument ni d’aucune opération intellectuelle ; il n’y a pourtant pas le moindre danger que cette découverte affecte jamais les raisonnemens fondamentaux, sur lesquels reposent presque toutes nos connoissances. Si nos conclusions expérimentales ne sont pas fondées sur des argumens en forme, il faut qu’elles le soient sur quelqu’autre principe, qui ait autant de poids & d’autorité que l’argumentation, dont l’influence dure autant que la nature de l’homme. Mais quel est ce principe ? C’est ce qui mérite d’être recherché.

Supposons qu’un homme, à qui la nature auroit accordé, dans un degré peu commun, les facultés de raisonner & de réfléchir, tombât subitement dans ce monde, cet homme observeroit d’abord une succession continuelle d’objets, il verroit les événemens se suivre ; mais il ne verroit rien de plus. Il n’y auroit point de raisonnement qui pût lui sug-