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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/151

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Philosophiques.

gérer, du premier coup, les idées de cause & d’effet : d’un côté, les forces particulières, par lesquelles la nature agit, ne se montreroient jamais à ses sens ; & de l’autre, de ce que deux événemens se suivent dans un seul cas, il ne pourroit raisonnablement conclure que l’un est cause & l’autre effet, leur union pouvant n’être qu’arbitraire & casuelle, & rien n’engageant à inférer l’existence du second, de l’apparition du premier. En un mot, cet homme ne pourroit former ni raisonnemens, ni conjectures sur aucune chose de fait, sans avoir acquis plus d’expérience : il ne pourroit s’assurer que de ce qui seroit immédiatement présent à ses sens ou à sa mémoire.

Supposons ensuite qu’il eût acquis plus d’expérience, & qu’il eût vécu assez long-tems pour observer que les objets, ou les événemens, similaires se retrouvent constamment ensemble. À quoi cette expérience le meneroit-elle ? À conclure de l’apparition d’un objet l’existence de l’autre. Mais tout son savoir n’iroit pas encore jusqu’à l’idée de pouvoir secret, par lequel les objets produi-