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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/153

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Philosophiques.

aux conclusions que nous fondons sur l’expérience. Nous avons lieu d’être satisfaits d’avoir pu aller jusques-là ; & nous aurions tort de murmurer contre nos facultés, de ce qu’elles sont trop bornées pour nous permettre d’aller plus loin. Quoi qu’il en soit, il est toujours sûr que nous avançons ici une proposition, sinon vraie, au moins très-intelligible, en disant qu’après avoir observé la liaison constante de deux choses, de la chaleur, par exemple, avec la flamme, ou de la solidité avec la pesanteur, nous ne sommes déterminés que par habitude, à conclure de l’existence de l’une de ces choses l’existence de l’autre. Cette hypothese paroît même la seule propre à expliquer pourquoi nous concluons de mille cas ce que nous ne saurions conclure d’un cas unique, quoique le même à tous égards. La raison ne varie pas ainsi : les mêmes conclusions qu’elle tire de la contemplation d’un cercle, elle les tireroit encore, après avoir contemplé tous les cercles qui sont dans l’univers ; au lieu que personne, après avoir vu un seul corps se mouvoir, ayant été choqué par un autre, n’ose-