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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/176

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Essais.

J’ajouterai, pour confirmer ma théorie, que probablement cette opération de l’ame par laquelle nous inférons la ressemblance des effets de la ressemblance des causes, & réciproquement la ressemblance des causes de celle des effets, étoit trop essentielle à la conservation de l’espece humaine, pour être commise aux opérations trompeuses d’une raison, fort lente dans sa marche, dont les premières années de l’enfance ne donnent aucun indice, & qui, à s’en faire la plus haute idée, est, dans chaque âge & dans chaque période de la vie, extrêmement sujette à l’erreur & aux méprises. Il étoit plus convenable à la prudence ordinaire de la nature de pourvoir à la sûreté d’un acte si nécessaire, en l’attachant à l’instinct, ou à une tendance mécanique, qui, infaillible dans les opérations, se manifestât dès notre entrée dans le monde, se développât avec la faculté de penser, & ne dépendît en rien des pénibles travaux de l’entendement. De même qu’elle nous enseigne l’usage de nos membres, en nous dérobant la connoissance des