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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/175

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Philosophiques.

Ici se montre une sorte d’harmonie préétablie entre le cours de la nature, & la succession de nos idées : car, quoique les puissances & les forces qui varient la scene du monde, nous soient totalement inconnues, nous trouvons pourtant que nos pensées & nos conceptions leur ont jusqu’ici tenu fidelle compagnie. Cette correspondance est l’ouvrage de l’habitude, de ce principe si admirable, & si nécessaire pour conserver notre espece, aussi-bien que pour régler notre conduite dans toutes les occurrences de la vie. Si les objets présens avoient manque à exciter constamment les idées qui y sont jointes, notre science auroit été bornée, pour toujours, à la sphere étroite des sens & de la mémoire : nous n’aurions jamais été capables d’ajuster les moyens aux fins, & nos facultés naturelles auroient été insuffisantes à nous mettre en état de faire le bien & d’éviter le mal. Ceux qui se plaisent à la découverte & à la contemplation des causes finales, trouveront ici de grands sujets d’étonnement.