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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/195

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Philosophiques.

effets, ne s’est jamais manifestée. Nous sentons, à chaque instant, que le mouvement de nos corps obéit aux ordres de la volonté ; mais, malgré nos recherches les plus profondes, nous sommes condamnés à ignorer éternellement les moyens efficaces par lesquels cette opération si extraordinaire s’effectue : tant s’en faut que nous en ayions le sentiment immédiat.

Premièrement, y a-t-il, dans toute la nature, un principe plus mystérieux que celui de l’union de l’ame avec le corps ? Une substance prétendue spirituelle influe sur un être matériel : la pensée la plus fine anime & meut le corps le plus grossier. Si nous avions une autorité assez étendue sur la matière pour pouvoir, au gré de nos desirs, transporter des montagnes, ou changer le cours des planètes ; cette autorité n’auroit rien de plus extraordinaire ni de plus incompréhensible. Mais, si un sentiment intime nous faisoit appercevoir quelque pouvoir dans la volonté ; il faudroit que nous connussions & ce pouvoir & sa liaison avec le corps, & les natures de ces deux substances, en vertu des-