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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/196

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Essais.

quelles elles peuvent agir l’une sur l’autre. Ensuite, nous n’avons pas le même empire sur tous nos organes ; & l’expérience est la seule raison que nous puissions alléguer d’une différence aussi remarquable. Pourquoi la volonté influe-t-elle sur la langue & sur les doigts ? Et pourquoi n’influe-t-elle ni sur le cœur ni sur le foie ? Cette question n’auroit rien d’embarrassant, si, dans le premier de ces cas, nous avions le sentiment d’un pouvoir, qui nous manquât dans le second : nous appercevrions alors, indépendamment de l’expérience, pourquoi l’empire de la volonté a telles bornes : & étant pleinement au fait de sa force agissante, nous pourrions nous rendre raison des limites dont nous la voyons environnée.

Un homme vient d’être frappé de paralysie au bras ou à la jambe, ou vient de perdre tout récemment un de ces membres, il fait, dans le commencement, des efforts réitérés pour le mouvoir, & pour l’employer comme autrefois aux fonctions de la vie. Il se sent le même pouvoir de commander à ses membres, que sent un homme en pleine