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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/199

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Philosophiques.

nête confiance, que l’idée que nous analysons ne dérive d’aucune conscience interne, & que nous ne sentons aucun pouvoir, en produisant des mouvemens dans nos corps, & en appliquant nos membres à remplir les fonctions animales, & à obtenir les usages auxquels ils sont destinés. Qu’ils se meuvent d’après un commandement de la volonté, c’est un fait d’expérience commune, comme le sont tous les événemens naturels, mais le pouvoir ou l’énergie, d’où procede ce fait, est une chose que nous ne connoissons pas mieux dans le cas présent que dans d’autres cas[1].

  1. On pourroit prétendre que la résistance que les corps nous opposent fait naître l’idée de force ou de pouvoir. L’impression originelle, dont cette idée, est la copie, ne seroit-elle pas ce nisus, cette forte tendance que nous éprouvons, lorsque nous sommes contraints de réunir nos efforts pour surmonter un obstacle, Mais, premièrement, nous attribuons du pouvoir à un grand nombre d’objets dans lesquel l’on ne sauroit supposer ni résistance ni effort : tels font l’Être Suprême, à qui rien ne résiste, l’esprit humain, pensant & mourant par rapport à l’empire qu’il exerce sur les idées & sur les membres, les effets suivant immédiatement les volitions, sans, qu’il soit besoin