Aller au contenu

Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/202

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
194
Essais.

de l’action des objets extérieurs : l’observation & l’expérience sont les seuls guides que nous ayions. Nous avons beaucoup moins d’autorité sur nos sentimens & sur nos passions, que nous n’en avons sur nos idées, quoique celles ci même soient renfermées dans des bornes très-étroites. Qui peut se vanter de connoître la raison primitive de ces différentes limitations ? Qui s’engagera à nous expliquer pourquoi nous avons, à certains égards, un pouvoir que nous n’avons point à d’autres ?

En troisieme lieu, cet empire que nous avons sur nous, n’est pas le même en tout tems. Il est plus grand dans un homme qui se porte bien, que dans un homme qu’une longue maladie rend languissant. Nous sommes plus maîtres de nos pensées le matin que le soir, à jeun qu’après un grand repas ; Peut-on donner une autre raison de ces variétés que l’expérience ? Et que devient alors ce prétendu sentiment de pouvoir ? L’effet ne dépend-il point ici d’un mécanisme secret, d’une structure cachée, soit dans la substance spirituelle, soit dans la substance ma-