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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/213

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Philosophiques.

les opérations de l’ame sur le corps : nous observons le mouvement à la suite de la volition ; mais le lien qui les unit, ou l’énergie que l’ame déploie dans la production de l’effet, c’est ce que nous ne saurions, ni observer, ni comprendre. L’empire de l’ame sur ses propres facultés, ou sur ses idées n’est pas concevable. Ainsi, à tout prendre, la nature ne nous offre pas un seul exemple de liaison dont nous puissions saisir l’idée. Tous les événemens semblent être décousus & détachés les uns des autres : ils se suivent, à la vérité, mais sans que nous remarquions la moindre liaison entr’eux : nous les voyons, pour ainsi dire, en conjonction, mais jamais en connexité Enfin, comme nous ne pouvons nous former aucune idée de choses qui n’ont jamais affecté, ni nos sens externes, ni notre sentiment intérieur, il paroît inévitable de conclure que nous manquons absolument de toute idée de connexion ou de pouvoir, & que ces termes ne signifient rien, soit qu’on les emploie dans les spéculations philosophiques, soit qu’on en fasse usage dans la vie commune.