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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/216

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Essais.

qui a coutume de suivre, est donc le seul sentiment, la seule impression d’après laquelle nous formons l’idée de pouvoir, ou de liaison nécessaire.

C’est-là tout le mystére. Contemplez ce sujet par toutes ses faces : je vous défie de trouver une autre origine que celle-ci. Il n’y a que ce caractere pour distinguer un seul cas particulier & détaché, qui ne peut jamais suggérer l’idée d’une connexions, d’une collection de cas similaires qui nous la procure. La première fois que l’on voit le mouvement communiqué par impulsion, par exemple, dans le choc de deux billes sur le billard, on peut dire que ces deux événemens sont conjoints ; mais on n’oseroit prononcer qu’ils soient connexes: cette derniere assertion ne sauroit avoir lieu qu’après avoir observé plusieurs exemples de même nature. Or, quel changement est-il arrivé qui ait pu susciter cette nouvelle idée, je dis, l’idée de connexion ? Tout se réduit à ce que l’on sent actuellement ces événemens liés dans l’imagination, & que l’on peut prédire le second à l’apparition de premier. Autant de fois