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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/233

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Philosophiques.

des corps, s’étend encore sur les motifs & sur les actions des hommes.

De-là vient aussi l’avantage d’une longue vie, passée dans les affaires & dans l’usage de monde ; elle nous fait acquérir cette expérience qui dévoile les principes de la nature humaine, & qui établit des maximes utiles dans la spéculation & dans la pratique. C’est en suivant les pas de ce guide que les actions, les paroles, les gestes* nous aident à remonter à la connoissance des inclinations & des motifs ; & que de cette connoissance nous redescendons à l’interprétation des actions & de la conduite. Des observations générales, accumulées par une longue routine, nous donnent la clef de la nature humaine, nous en démêlent les labyrinthes, & nous dévoilent ses obscurités. Nous cessons d’être dupes des apparences : nous prenons les manifestes que les princes publient, pour ce qu’ils sont, pour des prétextes spécieusement colorés ; & sans refuser à l’honneur & à la vertu leur valeur intrinseque, nous ne croyons gueres à ce parfait désintéressement dont les hommes aiment tant à se parer. Dans