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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/238

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Essais.

philosophes ont bâti la maxime : que toutes les causes sont dans une liaison nécessaire avec leurs effets ; & que toute incertitude apparente procede toujours de l’action secrete de causes contraires.

Prenons un exemple tiré du corps humain ; Lorsque les symptômes ordinaires de santé ou de maladie trompent notre attente, lorsque les remèdes ne font pas leur effet ordinaire, lorsqu’en général des événemens irréguliers naissent de quelque cause que ce soit ; les médecins & les philosophes n’en sont pas étonnés : il ne leur vient pas même dans la pensée de nier la nécessité de l’uniformité des principes qui président à l’économie animale : ils savent que le corps est une machine extrêmement compliquée, le réservoir de mille forces inconnues & inconcevables, dont les opérations nous doivent paroître incertaines, & que par conséquent les irrégularités extérieures, qui tombent sous nos sens, ne prouvent aucunement que la nature se soit écartée, le moins du monde, de ses loix dans le mécanisme intérieur.

Le philosophe qui se pique d’être consé-