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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/239

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Philosophiques.

quent dans ses raisonnemens, doit juger de même des actions & des volitions. Souvent les résolutions qui nous paroissent les plus bisarres & les moins attendues, ne le sont point pour ceux qui connoissent le caractere particulier & la situation des personnes qui les ont formées. Un homme poli & complaisant vous fait une réponse brusque ; mais c’est qu’il a mal aux dents, ou qu’il est à jeûn : quelque stupide montre une vivacité, une allégresse, qu’on ne lui voit presque jamais ; mais c’est qu’il lui est survenu quelque bonne fortune à laquelle il ne s’attendoit pas. Supposons même une action dont, ni l’auteur, ni les spectateurs, ne puissent rendre une bonne raison ; ne savons-nous pas en général que l’inconstance & l’irrégularité sont, du moins, jusqu’à un certain point, le partage, &, en quelque façon, le caractère constant de l’humanité ? Caractere cependant plus particuliérement affecté à ceux qui n’ont point de regle fixe pour leur conduite, & dont la vie entière n’est que le saut continuel d’un caprice à l’autre. Et pourquoi veut-on que ces discordances apparentes em-