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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/241

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PHILOSOPHIQUES. 233

la peine à y trouver une action isolée & entièrement complette en elle-même. Les hommes y dépendent si fort les uns des autres qu’ils ne sauroient presque rien faire qui ne tienne à leurs rapports mutuels ; nul agent n’y peut parvenir à son but sans être secouru des autres. Le pauvre artisan, qui travaille seul dans son atelier, s’attend à jouir tranquillement de fruit de ses travaux sous la protection de magistrat : il s’attend qu’en donnant ses ouvrages à un prix raisonnable, il trouvera des acheteurs, & qu’il pourra échanger l’argent qu’il aura gagné contre des denrées nécessaires à sa subsistance. À mesure que nous avons des liaisons plus ou moins étendues, des communautés d’intérêts plus ou moins compliquées, notre plan de vie embrasse plus ou moins de ces actes coopérans, qui, bien que procédant de leurs motifs propres y viennent pourtant seconder nos intentions. Et, en formant ces conclusions, nous ne comptons pas moins sur l’expérience du passé, que lorsqu’il s’agit des objets corporels : nous croyons fermement que les actions humaines demeureront les mêmes que nous