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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/251

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Philosophiques.

Mais achevons de concilier la liberté avec la nécessité, & terminons ainsi la question la plus contentieuse qui se soit élevée dans la plus contentieuse des sciences, je veux dire, en métaphysique. Si les hommes ont toujours

    nons de sentir que, la volonté n’est assujettie à rien, à cause que, lorsqu’on nous nie ce point, & qu’on nous provoque à des essais, nous sentons qu’elle se meut aisément en tout sens, & produit sa propre image, ou ce qu’on nomme velléité dans les écoles, du côté même pour lequel elle ne s’est point déclarée. Nous nous persuadons que cette image, ou ce mouvement ébauché, eût pu être rendu complet, & palier en acte, dans le tems même que cela n’est point arrivé ; parce que, si on le nie, nous trouvons la chose praticable à un second essai, ne prenant pas garde que ce desir fantasque de faire parade de notre liberté est ici précisément le motif qui nous fait agir. Mais nous ayons beau imaginer d’avoir un sentiment intime de notre liberté ; rarement un spectateur s’y trompera : le plus souvent il fera en état d’inférer nos actions de leurs motifs & de notre caractere ; ou, s’il ne le peut pas, il conclura, en général, que ce n’est que faute de connoître parfaitement toutes les circonstances de notre situation, & de notre tempérament, & les ressorts secrets de notre complexion & de notre humeur. Or, c’est précisément en quoi, selon moi, consiste l’essence de la nécessité. Note de l’Auteur.