Aller au contenu

Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/260

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
252
Essais.

ces actes ne sont que momentanés, & se terminent en eux-mêmes ? On blâme moins celui qui fait le mal par précipitation & sans dessein prémédité, que celui qui le fait par réflexion & de propos délibéré : pourquoi encore ? C’est que nonobstant qu’un tempérament prompt soit une cause durable, un principe permanent dans l’ame, il n’agit pourtant que par intervalles, & n’infecte point le caractere entier de l’homme. Enfin, la repentance, accompagnée de la réforme de la vie & des mœurs, efface tout péché : quelle en est la raison, si ce n’est que nos actions ne nous rendent coupables, qu’en tant qu’elles sont les preuves de passions criminelles & de principes corrompus ; & que, par conséquent, ces preuves, perdant leur force par le changement de nos principes, cessent de nous rendre coupables ? Mais, hors de la doctrine de la nécessité, nos actions ne sont jamais preuve, &, par conséquent, ne sont jamais criminelles.

Il ne sera pas plus difficile de prouver, par les mêmes argumens, que la liberté,