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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/267

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Philosophiques.

s’y puissent maintenir, attaquées par de si puissans adversaires. Les affections naturelles voient leurs objets de plus près & sous une forme plus exacte : par une dispensation mieux assortie à la foiblesse de l’esprit humain, elles ne font attention qu’aux objets qui sont immédiatement autour de nous, & ne sont excitées que par les événemens qui paroissent bons ou mauvais, relativement à notre systême propre & actuel. Il en est, à cet égard, du mal moral comme du mal physique : il seroit déraisonnable de se flatter que des considérations prises de si loin, ayant si peu d’efficace par rapport au premier de ces maux, en pussent avoir davantage par rapport au second. La nature a formé l’esprit de l’homme de telle sorte qu’à la vue de certains caracteres, de certaines dispositions, de certaines actions, il éprouve immédiatement un sentiment d’approbation ou de blâme, & il n’y a point de sensation, point d’émotion plus essentielle à sa constitution que celle ci. Les caractères qui gagnent son estime, sont principalement ceux qui contribuent à la paix