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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/266

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Essais.

pratique. Assurément vous irriteriez plutôt que d’appaiser un homme en proie au douleurs désespérantes de la goutte, en lui prêchant la rectitude de ces loix générales qui ont produit les humeurs malignes de son corps, & les ont fait couler, par des canaux creusés exprès, jusqu’aux nerfs où ils excitent actuellement des tourmens aigus[1]. Ces grandes vues peuvent éblouir, pour un moment, l’imagination d’un spéculateur qui se trouve en sureté & à son aise : je dis pour un moment ; car, elles ne sauroient prendre une assiette fixe dans son esprit, lors même qu’il est exempt de sensations douloureuses & de passions turbulentes : tant s’en faut qu’elles

  1. Il y a un point de vue sous lequel ces considérations peuvent être proposées à un homme qui souffre, d’une maniere raisonnable, & qui devient efficace, lorsqu’il n’y refuse pas l’attention convenable. On ne sauroit endurer des maux sous l’empire d’un être juste & bon, sans qu’il y ait de raisons de ces maux, qui exigent notre acquiescement ; & qui doivent même exciter notre satisfaction. Mais, cette doctrine est inséparable de celle de l’existence continuée, & d’un état à venir, d’où elle tire toute sa force. Note de l’Éditeur.