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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/283

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Philosophiques.

Cependant, si les animaux doivent à l’observation une grande partie de leurs connoissances, il en est beaucoup aussi qu’ils

    bêtes dans l’art de raisonner ? Et d’où vient qu’un homme y surpasse si fort un autre homme ? Est-ce donc que la même habitude n’influe pas également sur tous ?

    Nous tâcherons d’expliquer ici brièvement la diversité des entendement humains. Après quoi, il fera aisé de comprendre pourquoi les hommes different des brutes à cet égard.

    1°. Lorsqu’ayant vécu pendant quelque tems, nous, sommes accoutumés à l’uniformité de la nature, nous acquérons l’habitude générale de transporter le connu à l’inconnu, & de concevoir ce dernier semblable au premier. Ce principe d’habitude nous fait regarder l’expérience comme la base du raisonnement : & une seule expérience nous fait déjà attendre un événement avec quelque degré de certitude, pourvu qu’elle ait été faite exactement, & qu’elle soit dépouillée de toute circonstance étrangere. Il est donc extrêmement important d’observer les conséquences des choses ; & comme les hommes se surpassent les uns les autres de beaucoup en attention, en mémoire, & en capacité d’observer, cela met déjà une grande différence dans leurs raisonnemens.

    2°. Souvent un effet résulte de causes compliquées & un esprit, étant plus étendu que les autres, sera mieux en état d’embrasser le systême entier de ces causes, & d’en déduire de justes conséquences.