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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/298

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Essais.

naire de la nature, n’est point réputé miracle : il n’y en a point, par exemple, en ce qu’un homme qui paroissoit se bien porter, meure subitement ; parce que ce genre de mort, quoique moins ordinaire, à la vérité que les autres, est pourtant souvent arrivé sous nos yeux : mais, qu’un homme mort revînt en vie, ce seroit un miracle sans doute ; parce que cela ne s’est jamais vu dans aucun pays. Il n’y a donc point d’événement qui puisse mériter le titre de miracle, que celui qui a une expérience uniforme contre lui. Or, comme une pareille expérience fait preuve, il s’ensuit que l’existence de chaque miracle est combattue par une preuve directe & complette, tirée de la nature même du fait. Et cette preuve ne peut être détruite, en sorte que le miracle devienne croyable, que par une preuve opposée qui lui soit supérieure[1].

  1. Quelquefois un fait ; qui, en lui-même, ne paroît pas contraire aux loix de la nature, pourroit pourtant, s’il étoit réellement arrivé, s’appeler miracle, à cause de certaines circonstances qui le rendent en effet con-