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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/297

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Philosophiques.

Mais, afin d’augmenter la probabilité contre la déposition des témoins, supposons que le fait qu’ils rapportent, au lieu de n’être qu’une merveille, soit un miracle. Supposons encore que le témoignage, considéré à part & en lui même, fasse une preuve complette. Ici il y a preuve contre preuve, & la plus forte doit prévaloir, avec un rabais de force, cependant proportionnée à celle de la preuve contraire.

Tout miracle étant une infraction des loix de la nature, & ces loix étant établies sur une expérience ferme & inaltérable, la nature même du fait fournit ici, contre les miracles, une preuve d’expérience aussi complette qu’il soit possible d’en imaginer. Pourquoi est-il plus que probable que tous les hommes doivent mourir, que le plomb ne peut pas demeurer librement suspendu dans l’air, que le feu consume le bois & s’éteint dans l’eau ? N’est ce pas à cause que ces événemens sont conformes aux loix de la nature, & qu’il faudroit une exception à ces loix, ou en d’autres termes un miracle, pour les faire manquer ? Ce qui arrive dans le cours ordi-