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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/300

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Essais.

« c’est qu’il n’y a point de témoignage assez fort pour établir un miracle, à moins que ce témoignage ne soit de telle nature, que la fausseté seroit plus miraculeuse que n’est le fait qu’il doit établir. Et même, dans ce cas, il se fait une destruction mutuelle d’argumens, celui qui remporte ne nous laissant qu’une assurance proportionnée au degré de forge qui reste, après avoir soustrait celle de l’argument détruit. » Quelqu’un me dit qu’il a vu un mort ressuscité : je considere immédiatement lequel des deux est le plus probable, ou que le fait soit arrivé comme on le rapporte, ou bien que celui qui le rapporte se soit trompé, ou veuille tromper les autres : je pese ici un miracle contre l’autre ; je décide de leur grandeur ; & je ne manque jamais de rejeter le plus grand. C’est uniquement lorsque la fausseté de témoignage seroit plus miraculeuse que le fait raconté ; ce n’est, dis-je, qu’alors que le miracle a droit de captiver ma croyance, d’entraîner mon opinion.