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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/309

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Philosophiques.

Il est étrange, se dit naturellement un lecteur judicieux, quand il tient un de ces historiens tout remplis de merveilles, il est étrange, qu’il n’arrive plus de pareilles prodiges de nos jours. Mais, je ne crois pas que l’on doive trouver étrange que les hommes aient menti en tout tems : on a vu assez d’exemples de cette foiblesse : chacun a entendu soi-même débiter plusieurs de ces contes miraculeux, qui y ayant été traités avec mépris par les sages & par tous les gens sensés, ont été à la fin abandonnés par le vulgaire même. Et comptez que tous ces fameux mensonges qui se sont tant répandus, & qui ont, pour ainsi dire, poussé leurs branches à une hauteur si monstrueuse, sont nés d’une pareille origine : toutes les fois qu’ils ont rencontré un terroir convenable, ils se sont ainsi accrus ; & cet accroissement est devenu une sorte de prodige bien plus grand que ceux même que ces mensonges rapportent.

Ce fut une fine politique de cet habile imposteur, Alexandre, oublié à présent, mais fort renommé autrefois, d’ouvrir la premiere