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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/310

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Essais.

scene de ses impostures en Paphlagonie, pays dont les habitans, comme Lucien nous les décrit, étoient extrêmement ignorans & stupides, & par conséquent d’autant mieux disposés à se laisser éblouir par les illusions les plus grossieres. Quand des peuples éloignés de ceux chez qui ces fables se débitent, sont assez foibles pour croire de telles matieres dignes de leurs recherches, ils n’ont aucun moyen d’en être mieux informés : ces sortes d’histoires leur parviennent grossies de mille circonstances : les fous sont industrieux à répandre l’erreur, pendant que la plupart des sages & des savans se contentent de mépriser son absurdité, sans se mettre en peine d’approfondir des faits par lesquels on pourroit la réfuter victorieusement. C’est ce que sut mettre à profit le fourbe dont nous parlons : c’est ce qui le mit en état de passer de ses idiots Paphlagoniens à des gens plus éclairés, d’entraîner dans sa secte jusqu’à des philosophes Grecs, & des personnes du rang le plus éminent & de la premiere distinction dans Rome ; que dis-je ? Ne parvint-il pas jusqu’à