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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/330

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Essais.

moignages, rendus à quelque espece de miracles que ce soit, ne peuvent jamais aller jusqu’à la probabilité ; tant s’en faut qu’ils aillent jusqu’à la preuve. Mais, supposé que cela fût, ce seroit des preuves combattues par d’autres preuves, dérivées de la nature même du fait, que l’on auroit en vue d’établir. C’est l’expérience seule qui donne du poids au témoignage des hommes ; & c’est encore l’expérience qui nous fait connoître les loix de la nature. Lorsque donc ces deux sortes d’expériences se trouvent en conflit, il n’y a qu’à soustraire l’une de l’autre, & embrasser l’opinion victorieuse avec le degré d’assurance qui résulte du reste. Or, selon le principe posé, le résultat de cette soustraction, par rapport à toutes les religions populaires, devient zéro. Donc, nous pouvons établir la maxime générale, qu’aucun témoignage humain n’a assez de force pour prouver un miracle, & pour en faire la base solide d’un systême religieux[1].

  1. Je prie le lecteur de remarquer la limitation que je fais ici, en disant que les miracles ne peuvent être prouvés