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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/342

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Essais.

jugés. Mais, que diriez-vous si j’allois plus loin, si je soutenois que, quand Épicure eût été accusé, devant le peuple, par quelqu’un des Sycophantes de son tems, il lui eût été aisé de défendre sa cause, en prouvant que les principes de sa philosophie étoient aussi salutaires que ceux de ses accusateurs, malgré le zele outré avec lequel ils s’efforçoient d’armer contre lui la haine & la jalousie du public ?

Je souhaiterois fort, répondis-je, que vous voulussiez essayer votre éloquence sur un sujet aussi extraordinaire, & faire un plaidoyer pour Épicure, tel qu’il l’eût prononcé, propre à contenter, non la canaille d’Athenes, si tant est qu’il y en ait eu dans cette ville, alors si polie ; mais à faire impression sur la partie plus philosophe de son auditoire, sur ceux qu’on peut supposer capables de comprendre des argumens.

À cette condition, dit-il, la chose ne sera pas difficile. Si vous le trouvez bon, je me supposerai Épicure pour un moment : vous serez le peuple Athénien : & je vais vous faire une harangue qui remplira l’urne de