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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/349

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Philosophiques.

à Jupiter, qui est la cause, il ne nous est plus permis de descendre de cette cause à de nouveaux effets, comme si ceux qui existent présentement n’étoient pas assez dignes des glorieux attributs dont nous revêtons cette divinité. La connoissance des causes n’étant dûe qu’à celle des effets il doit y avoir une proportion exacte entre les uns & les autres. C’est-là le terme où l’on doit s’arrêter ; on ne rencontre rien au-delà qui puisse devenir le fondement d’aucune nouvelle conclusion.

Or que faites-vous ? La nature vous offre certains phénomènes : vous en cherchez l’auteur, ou la cause ; & vous imaginant de l’avoir trouvée, vous devenez si amoureux de cette production de votre cerveau que vous vous figurez qu’il seroit impossible qu’elle n’eût donné l’être qu’à la scene présente du monde, scene si remplie de maux & de désordres. Vous oubliez que cette intelligence & cette bonté suprêmes ne sont que de pures chimeres, ou qu’elles n’ont du moins aucun fondement raisonnable ; & que vous n’avez point le droit d’orner votre