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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/351

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Philosophiques.

remonter des effets aux causes ? Je répondrai que, s’ils ne s’étoient pas aidés des ailes de leur imagination, ils ne seroient jamais parvenus à renverser leur propre méthode, au point d’argumenter des causes aux effets & qu’ils n’auroient jamais présumé que des être aussi parfaits, que le sont leurs Dieux, dussent produire un ouvrage plus parfait que ne l’est le monde présent, puisqu’ils n’ont aucune raison de mettre dans ces substances célestes plus d’attributs, ni plus de perfection, que ce monde n’en exige. De-là cette stérile industrie pour rendre raison des maux de la nature & pour sauver l’honneur des Dieux, dans le même tems que nous sommes forcés de reconnoître la réalité de ces maux & de ces miseres dont l’univers abonde. On nous dit que ce qui a limité le pouvoir & la bienfaisance de Jupiter, ce qui l’a obligé à créer les hommes & toutes les créatures sensibles si imparfaites & si malheureuses, ce sont les qualités défectueuses & incorrigibles de la matiere, la nécessité d’observer des loix générales, & d’autres raisons de cette trempe. Ainsi