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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/355

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Philosophiques.

toujours aussi permis qu’à vous de me régler sur l’expérience des événemens passés. S’il vous plaît de vous appuyer sur une providence divine, & de soutenir que sous une justice distributive, souveraine dans l’univers, les bons peuvent s’attendre à des faveurs particulières, & les méchans doivent craindre des punitions extraordinaires, dispensées hors du cours naturel des événemens, je vous ferai encore ici remarquer la même erreur dont j’ai déjà tâché de vous convaincre. Vous vous obstinez à vous imaginer que l’existence divine, à laquelle vous prenez un si sérieux intérêt, étant accordée, il vous sera permis d’en tirer telles conséquences que vous voudrez, & d’aller au-delà de l’ordre connu de la nature, en argumentant d’après ces attributs que vous aurez prêtés à vos Dieux. Vous ne vous souvenez donc plus que dans ce sujet on ne peut raisonner que des effets aux causes : & que tout argument qui procede des causes aux effets doit nécessairement être un sophisme grossier ; puisqu’il est impossible de connoître quoi que ce soit d’une cause, que l’on n’ait auparavant,