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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/356

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Essais.

je ne dis pas connu par voie de conséquence, mais pleinement découvert dans son effet. Mais, quel jugement doit porter un philosophe de ses vains raisonneurs qui, au lieu de regarder la vie présente & la scene actuelle demande comme le seul objet de leur contemplation, renversent le cours de la nature jusqu’en faire qu’un passage à quelque chose de lointain, un portique qui conduit à un palais plus vaste, mais tout-à-fait différent, un prologue qui ne sert qu’à préparer la pièce, & à lui donner plus de grâce & de convenance ? D’où pensez-vous que ces philosophes prennent l’idée qu’ils se font des Dieux ? Vient-elle d’ailleurs que de leur cerveau & de leur fantaisie ? Si elle étoit copiée d’après les phénomènes admis, iroit-elle plus loin que ces phénomènes ? Ne leur seroit-elle pas exactement ajustée ? Que peut-être la divinité possede des attributs dont nous ne lui avons jamais vu donner des marques ; que peut-être elle regle ses actions sur des principes dont nous n’avons jamais découvert l’exercice ; tout cela doit être accordé gratuitement. Mais après tout, ce ne sont-