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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/360

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Essais.

la trace d’un pied humain, imprimée sur le rivage de la mer, vous concluriez qu’un homme y a passé, & qu’il y avoit aussi laissé la trace de l’autre pied, quoique effacée ensuite, soit par l’écroulement de sable, soit par des inondations. Pourquoi donc refuseriez-vous d’admettre le même raisonnement par rapport à l’ordre de la nature ? Vous n’avez qu’à considérer le monde & la vie présente comme un bâtiment imparfait, qui donne cependant des marques d’une intelligence supérieure : si vous partez ensuite de cette intelligence, qui ne peut rien laisser dans l’imperfection, qu’est-ce qui vous empêchera de conclure la réalisation d’un plan plus fini, qui doit recevoir son accomplissement dans des espaces éloignés ou dans des tems reculés ? Ces deux manieres d’argumenter étant exactement semblables, sous quel prétexte pourriez-vous embrasser l’une, tandis que vous rejetteriez l’autre ?

L’infinie différence des sujets, répondit-il, seroit une raison suffisante de la différence que je mettrais dans mes argumens & dans mes conclusions à cet égard. Les ouvrages