Aller au contenu

Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/362

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
86
Essais.

ni devenir le fondement d’aucune nouvelle conclusion. L’empreinte d’un pied sur le sable, envisagée toute seule, ne prouve autre chose si ce n’est qu’elle a été produite par l’application d’une figure qui a les mêmes dimensions ; au lieu que l’empreinte d’un pied humain prouve, par le secours d’autres expériences, que vraisemblablement il y a eu une seconde empreinte, effacée par le tems, ou par d’autres accidens. Ici nous remontons de l’effet à la cause, & nous redescendons de la cause à l’effet, pour inférer les altérations faites dans le dernier ; mais ce n’est point par la continuation d’une série simple, & d’une même chaîne de raisonnemens : il y entre cent expériences & cent observations diverses, sans lesquelles cette méthode d’argumenter devroit être regardée comme tout-à-fait erronée & sophistique.

Il n’en est pas de même des preuves que nous tirons des ouvrages de la nature. Nous ne connoissons la divinité que par ses productions : comme elle est un être unique dans l’univers, nous ne pouvons la ranger sous aucune espece, ni sous aucun genre,