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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/382

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Essais.

devroit agir sur l’ame pour transmettre une image de lui-même à une substance, qu’on suppose d’une nature si différente & si opposée.

Les perceptions sensibles sont-elles produites par des objets extérieurs qui leur ressemblent ? C’est une question de fait, & comment la décider, si ce n’est comme toutes les autres questions de cette nature, je veux dire par l’expérience ? Or, l’expérience se tait ici, & doit se taire. Rien ne peut être présent à l’esprit hormis les perceptions ; & par-là il est impossible que nous ayions une expérience de leur liaison avec les objets. C’est donc sans aucun fondement raisonnable que l’on supposeroit cette liaison.

Avoir recours à la véracité de Dieu pour prouver la véracité de nos sens, ce seroit assurément prendre un détour bien inattendu. Si la véracité divine étoit intéressée dans cette affaire, il faudroit que nos sens fussent entiérement infaillibles ; puisqu’il ne se pourroit pas que Dieu nous trompât jamais. Pour ne pas dire que l’existence du monde externe étant une fois révoquée en doute, nous se-