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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/381

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Philosophiques.

de la nature, qui nous meneroit à un systême tout différent ; systême que l’on reconnoît, non-seulement capable de conduire à l’erreur, mais erroné en effet. Et, d’un autre côté, d’appuyer ce systême, prétendu philosophique, sur une chaîne d’argumens clairs convainquans, ou même de le colorer par une ombre d’argument, c’est ce qui surpasse toute la capacité de l’homme. En effet, comment prouvera-t-on jamais que les perceptions de l’ame doivent être produites par des objets extérieurs qui en different essentiellement, dans le même tems qu’ils leur ressemblent, si tant est que cette ressemblance ne soit pas impossible ? Ces perceptions ne pourraient-elles pas résulter d’une force propre à l’ame, ou de l’opération de quelque esprit invisible & inconnu, ou enfin de quelque autre cause plus cachée encore ? En effet, on accorde déjà, par rapport à un grand nombre de ces perceptions, qu’elles ne viennent pas de dehors, comme dans les songes, dans les frénésies, & dans d’autres indispositions. Enfin rien n’est moins expliquable que la maniere dont le corps