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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/399

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Philosophiques.

mêmes & les préjugés dont ils sont remplis contre tous leurs antagonistes. Que les ignorans considerent la disposition des vrais savans, qui, comblés des avantages que donnent l’étude & la réflexion, n’en sont que plus modestes & plus réservés dans leurs décisions : & s’il y a des savans que leur tempérament rend hautains & opiniâtres ; qu’une légere teinture de pyrrhonisme abaisse leur orgueil, en leur montrant que les prérogatives qu’ils peuvent avoir acquises sur le reste des hommes, comparées avec cette perplexité & cette confusion universelle, qui sont inhérentes à la nature humaine, se réduisent à fort peu de chose. Il y a, en général, un degré de doute, de circonspection, & de modestie, qui doit être inséparable d’un esprit juste dans toutes ses recherches, & dans toutes ses décisions.

Une seconde espece de scepticisme mitigé, avantageux au genre humain, & qui pourroit résulter des doutes & des scrupules du pyrrhonien, ce seroit de limiter nos recherches aux sujets les mieux assortis à l’étroite capacité de notre entendement. L’imagina-